Comment comprendre avec finesse ?

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Comprendre, c’est voir clairement. La finesse de notre compréhension est primordiale, car c’est le socle sur lequel nous allons émettre nos jugements, prendre nos décisions et orienter nos actions. Une appréciation imparfaite de la situation enraye sérieusement nos chances de succès. Et, même si ce n’est pas toujours palpable, il y a des différences considérables d’une personne à l’autre. Certains voient jusqu’à la croûte terrestre quand d’autres voient jusqu’au noyau interne de la Terre !

Si le sage voit loin, c’est qu’il perçoit le caché, l’infime.

La finesse de notre compréhension repose à la fois sur notre capacité à collecter un maximum d’indices de qualité à l’instar d’un détective comme Sherlock Holmes, ainsi que sur notre aptitude à raisonner subtilement à partir de ces observations ; c’est-à-dire à faire des déductions, inductions et abductions, qui s’avéreront justes au moment du résultat final.

L’objectif de cette étape est de pouvoir correctement évaluer nos chances de succès avant de décider ou non de nous lancer dans l’action ; et d’identifier les opportunités sur lesquelles nous appuyer et les obstacles à surmonter ou à contourner pour maximiser nos chances de succès.

Collecter un maximum d’indices de qualité

La finesse de notre compréhension repose sur la collection d’un maximum d’indices de qualité, c’est-à-dire sur des données profondes et fiables. Il faut chercher à être le plus exhaustif possible, à aller le plus en profondeur possible et à s’assurer de la véracité des éléments collectés.

Pour être exhaustif, je t’invite à utiliser la méthode QQOQCCP et à te poser les questions suivantes : Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Comment ? Combien ? Pourquoi ? Cela t’aidera à collecter tous les indices nécessaires.

Pour aller en profondeur, je te recommande de creuser en te servant de la technique des 5 Why et en t’intéressant aux 3 niveaux d’informations à ta disposition. Il existe en effet des informations formelles, informelles et silencieuses. Les informations formelles sont des informations écrites, qui sont généralement faciles d’accès. Elles s’obtiennent par un travail de recherche. Tout le monde peut y arriver. Les informations informelles sont des informations obtenues exclusivement par le questionnement. Leur accès est limité, car elles dépendent de notre capacité à poser des questions pertinentes. Enfin, les informations silencieuses sont des informations non verbales et paraverbales. Leur accès est limité, car elles dépendent de nos capacités d’écoute et d’empathie.

Par ailleurs, collecter des données fiables implique de mettre sur le gril toutes les données collectées avant de les considérer comme vraisemblables. Les données peuvent provenir de tes connaissances, de ta perception sensorielle, d’informations transmises par un tiers… Lorsque les données proviennent de tes connaissances, tu dois challenger tes certitudes : Quand ai-je appris cela ? Est-ce que j’ai récemment mis à jour mes connaissances ? Ma mémoire me joue-t-elle des tours ? Lorsqu’elles proviennent de tes sens, tu dois challenger la qualité de ta perception sensorielle. Nos sens peuvent en effet être trompés par des illusions visuelles, olfactives, auditives… Et enfin, lorsqu’elles proviennent d’informations communiquées par un tiers, tu dois challenger les informations transmises : La personne qui transmet l’information a-t-elle l’habitude de communiquer des informations fiables ? A-t-elle connaissance du contexte ? A-t-elle vécu la situation ? Quelles sont ses sources ? Qu’est-ce qui lui permet d’affirmer ce qu’elle dit ? Quel est son état émotionnel ? L’information transmise est-elle un fait avéré et incontestable ? Est-ce une croyance vérifiable ou invérifiable ? Que disent les avis contradictoires ?

Afin de t’assurer de la fiabilité des données collectées, tu dois également chercher à croiser les sources de données pour voir si elles se recoupent ou si au contraire elles se contredisent.

Raisonner de manière analytique

La finesse de notre compréhension repose sur notre vivacité d’esprit, qui se caractérise par notre capacité à interpréter correctement les indices collectés. Pour faire les bonnes interprétations, il faut développer sa capacité de raisonnement dans le but d’être capable de séparer les informations importantes des informations futiles, de faire des liens logiques pertinents entre les différents indices collectés… Notre réflexion doit aboutir à une vision claire de la situation d’ensemble : le contexte, les opportunités sur lesquelles s’appuyer, les obstacles qu’il faut contourner ou surmonter…

Il est à noter que dans la grande majorité des cas notre vision reste imparfaite. Nous disposons, en effet, rarement de toutes les informations nécessaires. Par ailleurs, il arrive fréquemment que ces données soient contradictoires. Enfin, de nouvelles informations remettent perpétuellement en cause ce que nous tenions pour acquis. Notre réflexion a donc pour objectif de nous permettre d’avoir la vision la plus claire possible (même si elle est imparfaite), afin que nous puissions évaluer correctement nos chances de succès et maximiser nos chances de réussite si nous décidons de nous lancer dans l’action.

Pour développer ta capacité de raisonnement, il te faut raisonner de manière analytique, développer ta mémoire et tes connaissances.

Lorsque nous raisonnons, nous utilisons deux systèmes. Le système 1, automatique et incontrôlable, se met en place par association d’idées, de souvenirs, d’émotions… Il nous permet de porter un jugement rapidement. Ces jugements rapides sont souvent utiles, notamment lorsque nos ressources cognitives sont limitées (quantité d’informations très importantes dont il faut tenir compte, temps limité pour raisonner…), mais ils peuvent engendrer des erreurs même si la vision de la réalité paraît cohérente. Le système 2, quant à lui, est calculateur et se structure plus lentement. Ce mode de pensée prend en compte le système 1, mais répond davantage à un effort mental. Raisonner avec subtilité revient à utiliser son système 2, c’est-à-dire à faire un effort mental soutenu qui se traduit par le fait de raisonner de manière analytique en tenant compte de l’ensemble des données pertinentes.

La mémoire est la salle au trésor de toutes les choses.

Notre mémoire joue également un rôle essentiel. Il existe plusieurs formes de mémoire. Certaines stockent des informations sur des durées prolongées, c’est-à-dire pendant une longue période, voire pendant toute la vie. Il s’agit des mémoires perceptive, sémantique et épisodique. La mémoire à court terme quant à elle, appelée mémoire de travail, stocke des informations limitées pendant une vingtaine de secondes tout au plus. Enfin la mémoire procédurale, indépendante des autres types de mémoire, stocke les compétences.

La mémoire sémantique représente un réseau organisé de concepts. Elle nous permet de comprendre les choses selon deux modes. L’un est l’accès direct, lorsque l’information demandée est directement stockée en mémoire ; par exemple : « Est-ce qu’un éléphant a une trompe ? » À l’inverse, si nous posons la question « Est-ce qu’un éléphant a un cerveau ? », il est probable que personne n’ait jamais appris la réponse à cette question. Il se produit dans la mémoire sémantique une recherche dans le réseau d’informations, de sorte que l’éléphant est identifié en tant qu’animal qui en possède les propriétés, bien qu’on ne l’ait jamais appris directement.

Ce processus est une inférence, c’est-à-dire un raisonnement à partir d’un réseau de connaissances. Alors que le raisonnement au sens cartésien se définit plutôt comme une déduction neuve, l’inférence est une déduction à partir du réseau de connaissances stockées en mémoire. Par conséquent, plus nous connaissons de choses, plus nous sommes en mesure de raisonner avec pertinence. Il est donc essentiel de chercher sans cesse à développer ses connaissances pour faire les bonnes interprétations.

Challenger son raisonnement

Challenger son raisonnement est essentiel. En effet, il arrive fréquemment que nous commettions des erreurs lorsque nous raisonnons. Ces erreurs peuvent provenir de biais cognitifs, de la mauvaise gestion de nos émotions, de la défaillance de notre mémoire, d’un manque de connaissance et d’énergie.

Un biais cognitif est un schéma de pensée trompeur et faussement logique. C’est une forme de dysfonctionnement dans notre manière de raisonner. Il en existe plus de 250 !

La mauvaise gestion de nos émotions peut également nous amener à commettre des erreurs. Comme nous l’avons vu dans le chapitre « Devenir maître de soi-même », lorsque nous sommes débordés par nos émotions, notre cerveau fonctionne de manière binaire (c’est blanc ou noir). Nous ne parvenons plus à percevoir toutes les nuances, ce qui nous empêche de raisonner de manières élaborées.

La gestion de notre intuition peut être assimilée à la gestion de nos émotions et le fait de se reposer exclusivement sur cette dernière peut engendrer des erreurs. Même s’il ne faut pas occulter les messages de cette sagesse archaïque (le cerveau soupèse le bilan émotionnel des expériences passées pour nous aider à émettre les bons jugements), l’intuition ne doit pas primer sur les faits. En effet, l’intuition échappe par moment au joug de la raison et nous impose des convictions construites sur du sable, qui peuvent être trompeuses.

Notre mémoire peut aussi nous induire en erreur de plusieurs façons. Elle peut avoir tendance à réécrire certains événements en les éloignant plus ou moins de la réalité. Par exemple, nos émotions mettent plus ou moins en valeur certains éléments au détriment d’autres. La narration des souvenirs favorise également la réinterprétation des contenus. Enfin, le processus de consolidation conduit à la modification des souvenirs en exagérant ou en occultant certains détails.

Enfin, le manque d’énergie nous empêche d’utiliser de manière optimale nos facultés cognitives. Lorsque nous sommes fatigués, voire épuisés, nous n’avons plus d’essence dans le moteur. La machine fonctionne moins bien et nous devenons moins lucides. Nous n’avons plus l’énergie nécessaire pour mobiliser nos ressources et prendre de la hauteur.

Pour résumer, voici les différentes questions que je t’invite à te poser pour challenger ton raisonnement :

  • Ai-je bien utilisé mon système 2 ?
  • Ai-je été biaisé ?
  • Dans quel état émotionnel suis-je ?
  • Mon intuition est-elle renforcée par des faits ?
  • Ma mémoire me joue-t-elle des tours ?
  • Quelles sont mes connaissances sur le sujet ?
  • Suis-je en mesure de mobiliser toutes mes ressources cognitives ?

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