Comment maîtriser ses jugements ?

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Nos jugements peuvent affecter notre équilibre émotionnel notamment en focalisant notre attention sur des événements douloureux indépendants de notre volonté, en nous faisant voir uniquement le mauvais côté des choses et imaginer le pire, en nous empêchant de mettre à distance nos pensées négatives, en nous induisant en erreur ou en nous limitant.

Pour éviter cela, nous devons apprendre à maîtriser nos jugements, soit en les dirigeant correctement, soit en les suspendant. Diriger ses jugements consiste à s’efforcer d’émettre des jugements réfléchis, utiles et constructifs. Suspendre ses jugements signifie être capable de se retenir d’émettre le moindre jugement lorsque la situation l’impose.

Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les jugements qu’ils portent sur les choses.

Afin de t’aider à maîtriser tes jugements, je vais partager avec toi plusieurs techniques que j’utilise quotidiennement et qui sont complémentaires. Encore une fois, je ne prétends pas tout savoir, mais ces quelques techniques t’aideront à contrôler tes jugements en fonction des situations que tu rencontres.

Se concentrer sur ce qui dépend de nous

« Quand on veut, on peut ! » Je pense que nous connaissons toutes et tous cette expression. Dans la réalité, malheureusement, parfois on ne peut pas même avec la meilleure volonté du monde ! Certains événements dépendent de nous comme récupérer nos enfants à la sortie de l’école à 16 h 25 alors que d’autres sont indépendants de notre volonté comme l’école est fermée demain pour cause de grève.

Si tu souhaites en effet coûte que coûte aller chercher tes enfants aujourd’hui, qui peut t’en empêcher, à part un événement extérieur sur lequel tu n’as pas de prise comme un accident de la route. Alors que si tu veux coûte que coûte mettre tes enfants à l’école demain, alors qu’il y a une grève et que tout le personnel est absent, personne ne te les prendra, quelle que soit ta volonté.

Être capable de discerner ce qui dépend de nous (contrôle possible des événements) de ce qui est indépendant de notre volonté (aucune prise possible sur les événements) est fondamental pour diriger correctement nos jugements ou les suspendre. Tenter de modifier des événements sur lesquels tu n’as pas de prise va en effet générer des émotions excessives. Par exemple, tu ne peux pas empêcher la mort imminente d’un être cher atteint d’une maladie incurable. Par contre, ton attitude, qui découle de ta manière de penser, peut lui rendre sa fin de vie beaucoup plus agréable. À l’inverse, ne pas agir sur des événements sur lesquels tu as le pouvoir d’agir peut également générer des émotions excessives. Par exemple, si ton bébé attrape une bronchiolite et que tu ne l’emmènes pas rapidement chez le médecin, il y a des chances qu’il ne s’en sorte pas et que par la suite ta vie en pâtisse.

Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l’être, mais aussi la sagesse de distinguer l’un de l’autre.

Une fois que tu es capable de discerner correctement ce qui dépend de toi de ce qui ne dépend pas de toi, il te faut apprendre à penser de deux manières distinctes. Concernant les événements sur lesquels tu peux agir, tu dois émettre des jugements qui vont être connotés positivement ou négativement en fonction des situations. Reprenons l’exemple ci-dessus. Mon bébé a attrapé une bronchiolite. Personnellement, je connote cet événement comme négatif, car mon bébé risque de mourir si je n’agis pas. Mon jugement m’invite à faire évoluer rapidement le cours des événements pour éviter un drame. C’est en effet l’évitement de la douleur et également la recherche du plaisir qui nous poussent à l’action. À l’inverse, concernant les événements sur lesquels tu ne peux pas agir, tu n’as pas le choix que d’accepter les événements, même si dans ta perception actuelle certains te paraissent dramatiques. Pour ce type d’événement, il te faut apprendre à suspendre tes jugements (à éviter toute connotation même si cela te choque comme pour la mort d’une personne) pour éviter d’être affecté par des événements que tu ne peux pas faire évoluer.

Penser de manière constructive

Nous avons tendance à simplifier la réalité du monde qui nous entoure, en émettant des jugements de manière binaire (sans nuances). Par exemple, obtenir une promotion est considéré comme bon et tomber malade est considéré comme mauvais.

Dans la réalité, c’est plus complexe qu’il n’y paraît. Obtenir une promotion est gratifiant si le salaire ou la reconnaissance suit, si notre charge de travail ne triple pas… Tomber malade est bon si cela nous permet de renforcer nos défenses immunitaires, de nous alerter sur notre mauvaise condition physique… Dans chaque événement, il y a donc du positif et du négatif, du bon et du mauvais.

Le fait de voir uniquement le mauvais côté des choses dans certains cas nuit à notre équilibre émotionnel. Partant de ce postulat, nous devons être capables de recadrer notre pensée sur les aspects positifs. Il faut en effet apprendre à voir le bon côté des choses. Par exemple, après avoir subi un grave accident, certains d’entre nous pourraient se considérer chanceux d’avoir survécu même s’ils sont grièvement blessés, alors que d’autres pourraient penser qu’ils sont maltraités par le sort. Le fait de voir le bon côté des choses nous permet de continuer à avancer, quels que soient les événements que nous rencontrons.

Pour les événements qui ne se sont pas encore produits, il faut également apprendre à se focaliser sur le positif. Par exemple, tu t’apprêtes à jouer un match de tennis que tu considères comme important. Tu es stressé à l’idée de disputer cette partie de tennis. Cette situation peut représenter pour toi une menace ou un défi stimulant. En fonction de ta perception de la situation, deux réactions biologiques distinctes vont se produire. Dans un cas, une réaction dite de « bon stress » va entraîner la sécrétion d’hormones, qui vont améliorer ta capacité à penser et à agir. Dans un autre cas, une réaction dite de « mauvais stress » va t’inhiber et t’épuiser émotionnellement. Mieux vaut donc imaginer un défi stimulant, plutôt qu’une menace.

Se concentrer sur l’instant présent

L’anxiété est la réaction cérébrale anticipant un danger, qui n’existe pas encore. La personne anxieuse se projette dans le futur et imagine le pire avant même d’être confrontée à la situation redoutée. L’anxiété est une émotion utile si elle reste modérée. Elle représente alors une réaction adaptée face à une situation potentiellement difficile.

Plusieurs études ont également montré que la tendance à laisser son esprit divaguer de façon automatique peut conduire à des « cogitations » stériles et délétères. Il arrive en effet que des questionnements détachés de l’instant présent se transforment en pensées négatives et en ruminations. Des éléments négatifs du passé ou de l’avenir anticipé envahissent alors l’esprit, qui ne peut plus tirer satisfaction des situations réellement vécues.

Penser au présent nous évite d’imaginer le pire et donc d’être anxieux pour de mauvaises raisons.

Relativiser ses pensées

Il est parfois impossible d’empêcher nos pensées négatives (et les émotions associées) d’arriver à notre cerveau. Par contre, nous avons le pouvoir de diminuer notre réactivité et notre dépendance vis-à-vis d’elles. Ce ne sont pas, en effet, les pensées anxiogènes en elles-mêmes qui posent problème, mais le crédit que nous leur accordons. Prendre de la distance avec ce type de pensée permet tout d’abord de réduire leur effet, puis de les faire disparaître. Tu peux atteindre la sérénité en apprenant à quel point sont relatives les choses qui provoquent le trouble et l’inquiétude. Apprends à prendre du recul et à dédramatiser les situations dans lesquelles tu te trouves.

La souffrance n’est pas due à la chose elle-même, mais à l’appréciation que nous en avons, et cela, nous avons le pouvoir de le modifier à tout moment.

Par exemple, tu viens d’envoyer des éléments confidentiels à un client. Tu appréhendes la réaction de ton boss et tu commences à stresser. Désenclenche le plus rapidement possible cette réaction en relativisant. Dis-toi que tu n’as tué personne !

Challenger ses pensées et jugements

Nous sommes emplis de certitudes et ces certitudes, même si elles sont utiles, peuvent nous induire en erreur.

L’ignorant affirme. Le savant doute. Le sage réfléchit.

Par exemple, l’argent est souvent synonyme de bonheur. Cela est vrai et faux. Encore une fois, cela est plus complexe qu’il n’y paraît. L’argent augmente en effet le bonheur des très pauvres, car il leur permet de satisfaire leurs besoins fondamentaux (nourriture, hébergement, sécurité…). Puis, son rôle devient de plus en plus faible. Au-delà d’un certain seuil de richesse, l’argent ne représente plus le facteur de bonheur le plus puissant. Au contraire, le matérialisme excessif, encouragé par notre société de consommation, devient un obstacle. Ce matérialisme pousse les Hommes, dans leur désir d’imiter les plus riches, à se lancer dans une inutile course au luxe, qui les détourne de ce qui pourrait vraiment faire leur bonheur.

Au-delà de nous induire en erreur, nos jugements peuvent également nous limiter en nous empêchant d’agir.

Lorsque j’ai regardé la météo hier, il était prévu qu’aujourd’hui serait la journée la plus orageuse de la semaine avec des averses fréquentes et abondantes. Ce matin, au moment où je sors pour aller faire du vélo, ma voisine me dit d’un air certain que ce n’est pas le bon moment pour aller faire du vélo, car il va pleuvoir toute la matinée et que je vais être trempé. Comment peux-tu être certaine qu’il va pleuvoir, me dis-je ? Je suppose qu’elle a regardé les prévisions météo et que cela lui a donné la certitude de savoir ce qui allait se produire. En réalité, elle aurait dû se montrer plus prudente avant de m’affirmer ce qui allait se produire, car les prévisions météo sont régulièrement erronées. Finalement, je suis tout de même parti faire du vélo pendant 1 h et il a fait grand soleil ! Heureusement que je me suis affranchi des certitudes de ma voisine, car j’aurais pu ne pas aller faire de vélo et constater a posteriori que le temps était idéal pour faire du vélo ce qui m’aurait frustré.

Apprendre à se libérer de ses certitudes

Souvent, nous nous voyons trop beaux et avons le sentiment de savoir. Est-ce une question d’ego, un manque de conscience de nos limites ou un besoin inconscient de nous rassurer (d’avoir un sentiment de contrôle sur les événements) ? Quelle que soit la raison, cela peut nous induire en erreur et nous limiter. Pour éviter de faire des erreurs ou d’être paralysé par les événements, il faut apprendre à se libérer de ses certitudes. Cela repose à la fois sur une prise de conscience de nos limites et sur l’acceptation de la complexité du monde qui nous entoure.

Je sais que je ne sais rien.

Les erreurs que nous faisons proviennent de notre incapacité à bien gérer nos émotions, de l’imperfection de nos sens, de nos erreurs de raisonnement et de notre cadre de référence. Prenons l’exemple du cadre de référence. Le cadre de référence est notre représentation subjective du monde. Il est notamment façonné par notre personnalité, nos connaissances, nos valeurs et nos croyances. Il oriente notre façon de vivre et nous rassure en nous donnant un sentiment de compréhension et de contrôle sur le monde qui nous entoure. Tout ce qui va à l’encontre de notre vision du monde crée un violent inconfort psychologique, que nous allons chercher à combattre en mettant en lumière toutes les informations qui le justifient et en ignorant toutes les informations qui le remettent en cause. Notre cadre de référence peut donc nous empêcher de voir le monde tel qu’il est réellement.

La complexité du monde qui nous entoure est également un facteur important d’erreur. Elle rend les événements très incertains comme nous l’avons vu avec l’exemple de la météo. Même si nous essayons d’avoir en permanence le maximum de certitudes, les événements se déroulent rarement comme nous le prévoyons. Dans la majorité des cas, la vérité n’est connaissable qu’a posteriori et se révèle à travers une expérience par la production d’un résultat. Dans le cas de l’exemple de la météo, contrairement aux prévisions de Météo France qui a pourtant à sa disposition une multitude de technologies de pointe, il a fait beau. L’événement qui s’est déroulé a contredit les certitudes de ma voisine. Avoir des certitudes à l’avance sur ce qui va se produire est, dans notre quotidien, rarement possible.

Pour rester connectés au réel et éviter tout écart avec la réalité, nous devons avoir conscience de nos limites et de la complexité du monde qui nous entoure (et par voie de conséquence d’avoir une maîtrise des événements qui reste très relative).

Chercher à comprendre avant de juger

Une fois que tu as réussi à te libérer de tes certitudes, tu dois chercher à comprendre les choses avec finesse plutôt que de juger à la hâte sans réflexion. Souvent, l’erreur commune consiste à précipiter son jugement. Cela entraîne des raccourcis comme par exemple faire des comparaisons avec des situations a priori similaires ou faire des généralités en éliminant certaines particularités. À l’image de Socrate, il faut chercher l’essence, la nature profonde des choses, au-delà des apparences et des évidences.

Un jour, je discutais avec des collègues d’immobilier. Mes collègues ne comprenaient pas pourquoi on ne pouvait pas faire ce qu’on voulait dans son jardin comme construire une véranda sur un espace conséquent de son terrain. Pour eux, les propriétaires doivent pouvoir faire ce qu’ils veulent de leur propriété. Ils en concluaient que cette réglementation était débile. De mon côté, je préférais ne rien affirmer. Je cherchais à comprendre pourquoi cette réglementation existait. Il devait certainement y avoir une raison que je devais creuser.

À chaque fois, il faut s’efforcer à comprendre finement chaque situation avant d’affirmer quoi que ce soit. Tout est plus complexe qu’il n’y paraît de prime abord.

Émettre des hypothèses, puis chercher à les valider

Une fois que tu as cherché à comprendre les choses en profondeur, au-delà des apparences et des évidences, il est temps de pousser ta réflexion et d’émettre des hypothèses. Une hypothèse est une supposition qu’on estime plus ou moins vraisemblable.

Afin de t’assurer de la justesse de tes hypothèses, tu dois chercher à les valider en partant à la recherche de faits avérés et incontestables. Cela peut concerner des événements qui se sont déjà produits comme le nombre de spectateurs présents au Stade de France lors de la finale de la coupe du monde 98 et des événements futurs comme le 31 janvier 2100 qui est un dimanche. Néanmoins, très souvent, ces faits avérés et incontestables n’existent pas encore comme on peut le voir avec l’exemple de la météo. La météo prévoyait qu’il allait pleuvoir. Il a fait beau. Ce fait avéré et incontestable a été créé a posteriori par le résultat de l’expérience et a invalidé a posteriori l’affirmation de ma voisine. Dans la grande majorité des cas, il est préférable de rester au stade de l’hypothèse à valider plutôt que d’avoir des certitudes que nous sommes peu enclins à remettre en question.

Challenger ses pensées consiste à faire preuve d’humilité en cherchant à passer d’hypothèse à certitude lorsque l’hypothèse est validée par un fait avéré et incontestable. Dans certains cas, néanmoins, nos hypothèses sont invérifiables, car il n’existe aucun fait avéré et incontestable. Par exemple, des extraterrestres sont venus sur Terre. Lorsque c’est le cas, il est malheureusement impossible d’affirmer une quelconque vérité. Ces hypothèses doivent donc rester au stade de convictions personnelles plus ou moins vraisemblables.

En suivant cette méthodologie, tu arrêteras de faire fausse route et de te mettre des limites.

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